Souffle et psychothérapie ? Une évidence …
Pourquoi amener le souffle dans l’accompagnement thérapeutique ? Quelle en est la pertinence ?
J’ai un passé d’asthmatique ! J’ai connu cette difficulté à respirer. J’ai connu l’épuisement des jours durant après les crises … Un jour ça s’est arrêté, puis j’ai cherché et continue de le faire du côté de … ce souffle qui nous « anime ».
En tant que psychopraticienne il m’a semblé indispensable de proposer aux personnes accompagnées à la fois de s’intéresser à leur respiration, et … de s’en occuper un peu plus !
Nous en parlons souvent …
Nous respirons naturellement - sans avoir à y penser -, d’où notre « paresse » ou notre « négligence » à l’égard de ce qui pourtant … nous maintient en vie ! Or le souffle est l’une des clés de nos équilibres, de tous nos équilibres : physique, physiologique, psychologique, émotionnel, relationnel … Trop peu d’entre nous en ont réellement conscience.
J’aime beaucoup ces expressions que nous utilisons quotidiennement, elles sont concrètes et font exactement le lien entre ce que nous sommes en train de vivre, ce que nous ressentons et le vécu corporel :
- « tu me pompes l’air ! »
- « j’ai besoin de souffler »
- « j’étouffe ici »
- « je me sens oppressé-e "
- « laisses-moi respirer ! »
- « je suis à bout de souffle »
- « j’en ai eu le souffle coupé »
- « j’ai retenu ma respiration en attendant que ça passe ! » …
Le stress, ce « compagnon » du quotidien !
Il est là chaque jour, nous vivons en sa « compagnie » et pourtant ! Les affections dues au stress représente 50 à 80 % des maladies.
« Nuages, pluie, foudre sont aussi nécessaires à notre environnement que la pluie et le soleil. Sans cet équilibre harmonieux des deux sortes de temps, la nature deviendrait stérile » affirment les Taoïstes.
Soleil ou pluie se présentent à nous en alternance, c’est ainsi, c’est surtout notre manière de répondre aux situations (« agréables » ou « désagréables ») qui va faire la différence. C’est là que nous pouvons donc agir et la pratique de la respiration consciente est l’une des clés possibles.
Travailler le souffle pour lutter contre le stress du quotidien
Revenir vers soi-même : Savoir où on en est !
« Travailler » avec le souffle, permet de percevoir notre ambiance intérieure, de prendre conscience de notre position émotionnelle de base et en même temps de celle que nous adoptons dans l’instant, en telle ou telle circonstance. Ceci vient nous renseigner sur nous-même.
« Pourquoi je réagis comme ça quand ceci ou cela se produit ? »
Notre réflexe premier est de chercher à « comprendre » et c’est tout naturel. Cependant, en parallèle de cette mise en conscience, se demander « comment je réagis ? » et disposer d’outils corporels nous permet d’accompagner les traversées émotionnelles de manière toute différente.
Respirer en conscience évite que nos émotions s’emballent !!!
Au lieu de « retenir », ou « d’hyper-ventiler » en permanence (souffle court et haut : ce que font la plupart d’entre nous), ce qui revient à « nourrir » des états d’anxiété, d’irritabilité, de tension, nous pouvons aider notre système nerveux autonome (SNA) à répondre au stress tout autrement.
Comment faire pour travailler son souffle ?
La première étape consiste à juste prendre conscience du mouvement du souffle en nous. Simplement le sentir. Sentir « expire », puis « inspire » : apprentissage de la perception, retour vers soi-même.
Je suis toujours étonnée de constater que la plupart des personnes auxquelles je propose cette simple attention à eux-mêmes, y trouvent un bénéfice immédiat, alors-qu’aucun ou presque ne pense à s’offrir « ça » dans le quotidien !
L’impact sur le système nerveux est direct : « je me sens apaisé-e, détendu-e ».
Puis, retrouver le chemin de la respiration ventrale, celle du tout petit, celle des états de détente. Faire redescendre ce qui est souvent retenu dans le haut du corps en raison de l’omniprésence du mental …
Il va s’agir ensuite de prendre l’habitude de nous intéresser davantage à notre manière de respirer dans le quotidien. Au coeur des circonstances de notre vie. Comme un kit de vie et non seulement de … survie ! Respirer dans l’émotion qui est là, parfois respirer dans ce qui fait mal, souffler en conscience pour évacuer, ouvrir l’inspire pour vivre son espace, sa place, se faire exister …
Nombres de situations seront vécues tout différemment … Et peu à peu c’est nous-même que nous percevrons différemment !
Souffle et conscience de soi
Si la conscience du souffle exercée régulièrement nous offre une plus grande présence à nous-même et à ce que nous vivons, le lien avec la démarche psychothérapeutique est évidente. Ne s’agit-il de devenir plus conscient de ce que nous fait ce que nous vivons (ou avons vécu) et de trouver une voie pour vivre différemment ?
« Cette nouvelle connaissance directe de notre être en action donne à notre cerveau et à notre système nerveux la connaissance et le recul nécessaires pour nous libérer des schémas psychologiques habituels d’action / réaction » (« Le Tao de la respiration naturelle » Dennis Lewis).
Nettoyer, énergiser, apaiser ?
L’expire nous permet de nettoyer notre espace interne, l’inspire, de l’ouvrir ce qui apporte de l’énergie.
« La respiration, cette amie qui me prends par la main et me ramènes à la maison » (Karlfried Graf Dürckheim)
De quelle maison s’agit-il ?
Qu’est-ce qui fait que nous la quittons si souvent, puisqu’il nous faut y être « ramené » ?
Cette « maison » c’est notre espace corporel, cet espace dans lequel nous vivons. La pensée incessante nous en éloigne, respirer en conscience nous ramène vers nous-même.
Peut on seulement imaginer vivre en harmonie, éloigné ou coupé de soi ?
Véritable source d’apaisement, le souffle conscient dans le quotidien, le transforme considérablement.
